Les 15 et 16 mai 1950 marquent un tournant dans l'histoire du Jazz. Ces soirs là (des incertitudes persistent sur les dates exactes), a lieu le concert de Charlie Parker au Birdland, The Jazz Corner of the World, comme il l'appelait. En fait il joue comme chez lui, puisque la salle a été nommée d'après son surnom "The bird", l'oiseau. Parker était un virtuose au saxophone alto, son instrument de prédilection. Pour ces concerts uniques du printemps 1950, Parker a 30 ans et est entouré pour ce quintet de Fats Navarro à la trompette, Art Blakey à la batterie, Curly Russell à la basse et Bud Powell au piano. Des noms qui marqueront les esprits connaisseurs. Un enregistrement craquelant existe et montre la virtuosité de ces cinq musiciens, notamment sur trois thèmes fondamentaux de l'histoire du jazz que sont 'Round midnight, Night in Tunisia et Ornithology - un clin d’œil au surnom du maestro.

La fin de Bird est plus triste que le début, puisqu'il mourût assis dans son fauteuil devant une émission de jonglerie à la tv. Cela ressemble à une mort de vieillesse, pourtant il n'avait que 34 ans. Et oui, The Bird était, comme nombre de ses coreligionnaires du jazz, soumis aux addictions en tout genre qui l'ont mené à sa perte prématurée. Car comme une fatalité que seuls les addictions savent faire, ils sont tous morts, les musiciens qui ont joué avec Parker, sauf un : Sonny rollins qui à 91 ans fait figure d'extra-terrestres du jazz, comme Mike Jaeger l'est pour le rock ou Marcel amont et Hugues Aufray pour la chanson française.

Vous l'avez compris, le Birdland est un endroit mythique, magique, une mémoire de l'histoire du jazz. D'ailleurs ses murs rappellent tous ces illustres qui y sont passés. Pas de liste, mais juste Coltrane qui a aussi joué d'ailleurs avec Parker. Fondé en 1949 sur la 52ème, le Birdland a depuis migré sur la 44ème, tout près de Times Square, autant dire que quand on y vient à présent, ce n'est plus le même lieu où jouait Parker et les autres. Mais bon, j'allais pas me freiner pour autant. En ce début janvier 2022, jouaient Bill Charlap au piano et Dee Dee Bridgewater au chant. Les deux revisitaient les standards du jazz, de Caravan à My funny Valentine, en passant par My foolish things et Love for sale. Une soirée douce et exquise en bonne compagnie avant d'affronter le frimât new yorkais. Il ne manquait juste qu'un feu de cheminée et un verre de Cognac, mais bon, l'homme est un perpétuel insatisfait sinon la vie serait triste.

So far, so good