Maman Caillou

Le voyage en Argentine continue vers le nord, toujours sous le soleil, avec une fraîcheur nocturne appréciable. Ce jour là, on visite un parc désertique. Carina qui nous accompagne est une guide de San Juan qui officie dans le parc régional d'Ischiguilasto, à 730km au nord de Mendoza, soit environ 8h de route pour nous. Le nom du parc est quéchua, et ne signifie pas "tente",mais endroit où se pose la Lune. Et bien sur, dans ce parc existe la vallée de la Luna. Notre objectif était de faire le tour de ce parc, mais il ne peut se faire qu'organisé. Et avec nous, nous avions donc Carina. Elle a effectué une reconversion voici dix ans, pour passer de prof de physique à guide géologique. La transition finalement était la bienvenue, car elle est heureuse dans son travail. Elle travaille 10 jours par mois, du 21 au 30 de chaque mois, le reste du temps, elle est chez elle. Elle connait la géologie de sa région sur le bout des doigts. Cela tombe bien on est là pour ça.

On entre donc avec notre voiture, et on avance en file de caravane. Comme on était les premiers, Carina est monté avec nous et on a eu la chance d'en savoir plus que les autres sur la vie du parc régional et la sienne. Les dinosaures ont vécu là durant toute leur apparition sur Terre, car le parc a plusieurs couches de sédiments qui permettent de retrouver toutes les traces de ces bêtes de 180 à 230 millions d'années. De plus, un lac était présent là, apportant plein de coquillages. On trouve des animaux bien vivants comme le guanaco (vigogne) et le petit renard gris "el zorrito", qui signifie le petit zorro (pas celui avec une cape et une moustache et qui signe tout d'un Z qui veut dire....?)

Je vous dois une petite explication sur la Photo #4. Les pierres sont des Bochas, qui sont des agglomérats. Au début existe un bout de plante, ou d'os, ou de caillou de quelques millimètres, et autour par mouvement lent et de rotation du à l'eau qui les transportent, s'agglomère de la terre, qui après des milliers d'années forment cette boule, devenue caillou. Ces Bochas sont là, et descendent de la montagne, comme Zorro, et sont emportées par les grosses pluies. Il est étonnant ce parc, car c'est un concentré de tout ce qu'on a croisé dans le nord-ouest en terme de couleurs de montagnes. Le guide papier, dit du routard, nous disait qu'on pouvait le traverser en voiture. Une grosse erreur qui nous a ralenti dans notre progression, mais au final ça nous a permis aussi de nous poser devant ce spectacle naturel inoubliable.

On s'est quittés avec Carina en s’étreignant fortement. On ne se reverra surement jamais, mais le moment était fort car nous avons échangé. En argentine, le contact est tactile. On rencontre une femme pour la 1ère fois, même dans le cadre professionnel, et bien on se fait une bise. La personne tend naturellement sa joue. Attention une seule bise, puis on s'étreint. Le tutoiement est également de rigueur, peu importe avec qui l'on soit. On m'a rarement vouvoyé depuis que je suis arrivé, juste une fois à l'Université où je venais donner une conférence. Le vouvoiement se fait à la 3ème personne du singulier en ajoutant "Usted". J'ai tout de suite réctifié en demandant le tu. Faut pas déconner.

So far, so good