Aconcagua mon amour
Fermez les yeux un instant en essayant de vous rappeler le jour où vous avez respiré un air pur, frais, un air qui vous a rempli de plénitude?
Alors vous l'avez trouvé? Et bien, cet air on l'a trouvé ici dans les Andes, exactement dans la vallée de l'Aconcagua. Un air léger, juste frais pour la saison, autour de 10°. En le respirant on a l'impression de nettoyer nos poumons et nos cellules de tous les écarts que l'on a fait ces dernières semaines. L'Aconcagua est un sommet qui frise les 7000 et qui est le plus haut de toutes les Amériques réunies. Il faut vraiment aller le chercher pour le voir, car il est confiné entre les montagnes de la vallée qui mène au Chili. On part de Mendoza et on suit le rio du même nom, ça monte, serpente jusqu'à 3000m. Il faut réserver pour entrer dans le parc, car c'est populaire. a cette période de l'année, la rando vers et au sommet de l'Aconcagua sont interdites. C'est l'hiver. L'alpinisme se fait au printemps à partir d'octobre jusqu'en mars. D'ailleurs à l'emplacement de l'hélico de secours il n'y a rien ce qui signifie que personne y est.
3. Figurez-vous qu'Emma Peal est en argentine et en plus pas toute seule, ça ruine tous mes espoirs, alors j'ai envoyé un Caracara pour s'attaquer au prétendant 4. Le Caraca (Phalcoboenus megalopterus) est un faucon de belle taille, qui une fois avoir crevé les yeux du fiancée d'Emma est venu se reposer devant l'Aconcagua 5. Into the wild
Même si c'est moins fort que la vue de l'Everest, la vue de l'Aconcagua apporte beaucoup de bonheur. C'est un sommet compliqué, avec une face sud dite des français qui est la plus dure, et qui sera la 1ère voie de l'ascension vers le sommet en 1954 avec la cordée de Paragot, Bernardini et collègues. Tous des parisiens pur jus, comme quoi, la montagne appartient à tous. Il y a d'ailleurs un lieu appellé "Plaza Francia" en allant vers le camp de base où est le refuge. Même le grand Reinhold, 20 ans plus tard, a inscrit son nom à ce sommet. Les couleurs des montagnes autour sont multicolores et le soir venant c'est un feu d'artifice qui s'offre à nous. On s'est approché du tunnel qui mène au Chili. Il coute 20 pesos à l'aller et 20$ au retour. Les chiliens viennent en masse ici pour acheter riz, pâtes, etc. car la situation économique de l'Argentine étant si terrible que les prix sont bas pour les chiliens. Rappelez-vous l'histoire des pneus.
Depuis le début de notre ascension depuis Mendoza, on longe une ligne de train qui monte donc à 3500m pour ensuite aller à Santiago du Chili. Cette ligne a plus de 100 ans, mais fut abandonnée dans les années 1990. Une hérésie complète. Ce fut un long processus de privatisation des trains en Argentine, avec un démantèlement de nombreuses lignes entrainant un isolement des gens dans les campagnes qui a accéléré l'exode des jeunes vers les grandes villes. A présent camions et voitures polluent la vallée. La ligne est clairement détériorée au fil du temps, mais il faudrait quelques investisseurs responsables pour la remettre en état. Les tunnels et les ponts sont déjà construits, le tracé est sûr et a fait ses preuves. C'est triste. On constate l'écroulement des ponts et tunnels de protection, mais les rails sont toujours là
9. Le train passait là un jour, les baraques sont restées, le train ne viendra plus 10. Un tunnel s'effondrant vers 3000m
Un point de visite est El puente del Inca, ancienne station thermale avec eau chaude garantie à tous les étages. L'hôtel a été fermé car trop dangereux, mais il reste la gare et des échoppes qui vendent des objets recouverts de soufre issu de l'eau ruisselante. Le lieu est particulier, car un peu hors du temps, comme dans un bon vieux film de cowboys où l'on verrait apparaître Eddy Mitchell qui nous dirait "dépéchez-vous c'est la dernière séance".
So far, so good