Quel bazaaaar

La première fois où j'ai mis les pieds dans le grand bazaar d'Istanbul au début des années 2000, j'ai halluciné, car de ma vie je n'avais jamais vu un truc pareil. Il faut dire que j'avais encore peu voyagé, et que la féerie de l'orient n'était encore qu'un rêve. C'est un dédale qui s'offre au badaud, que dis-je un labyrinthe parfois, car le mieux est de marcher sans objectif. Attention quand même, car l'arnaque est à tous les coins du dédale, mais c'est aussi le jeu. Les vendeurs sont en devanture à essayer d'alpaguer un client potentiel en vantant les mérites de leurs épices (notamment le zaatar) ou de ses lampadaires.

Avec sa soixantaine de ruelles et plus de 4000 boutiques, la journée n'y suffit pas, mais ce n'est pas le but. Pour moi le but, c'est de sentir l'orient, même si on est encore en Europe. Certes, un orient un peu surfait et commercial, mais un orient quand même.

Avant d'arriver au Grand Bazaar, et jouxtant la Sainte Sophie, on trouve la citerne basilique. C'est un lieu hors du temps une fois dedans, mais à Istanbul on hésite parfois à visiter. En effet, les prix sont devenus prohibitifs, puisque cette citerne coûte 30€, comme la Sainte Sophie, et pour Topkaki c'est carrément 50. Mais cela n'a pas l'air de gêner le touriste, puisque les files d'entrée sont démesurément longues. Alors prenons le fric là où il est. Le pire reste la Tour de Galata, une simple tour de 30m de haut d'où parait-il la vue est imprenable sur Istanbul, mais franchement 30 boules pour ça, sans moi. Seule satisfaction, toutes les mosquées sont gratuites. La religion reste une attraction abordable.

Mais revenons à notre citerne de 78000 litres, qui fût construite par l’empereur byzantin Justinien Ier, vers 532. La citerne de style byzantin corinthien et ionien possède 336 têtes de colonnes, 140 mètres de long, 70 mètres de large et fait 1 hectare. Il aura fallu 7 000 esclaves pour sa construction qui s'est achevée après 38 ans de labeur. Elle était remplie d'eau jusqu'au sommet lors de son utilisation sous Constantinople, puis elle tomba dans l'oubli, sans pour autant être détruite suite aux guerres et tremblements de terre. Ce n'est que mille ans plus tard, en 1530, qu'un érudit français albigeois du nom de Pierre Gilles, la découvrit en se faufilant dans les souterrains des maisons voisines. Une curiosité du lieu est la présence de deux colonnes arborant des têtes de méduse inversées. Ce sont des vestiges de la Grèce antique mais pourquoi sont-elles inversées? Plein de théories existent mais celle que je préfère est que les méduses avaient le pouvoir de transformer les gens en pierre, et en la retournant son pouvoir disparaissait. Après je me suis dis qu'un esclave un peu joueur sur les bords avaient fait exprès de les mettre à l'envers, mais cela lui aurait sûrement écourté sa durée de vie, qui d'ailleurs ne devait pas être longue.

So far, so good