Tapas en Béarn

Publié le 23 octobre 2020 par Run

Pour le voyageur que je suis, souvent hors des confins de mon pays, 2020 est un peu une année catastrophe. Alors je m’accroche et je me raccroche à des petits détails. Et pour ne pas décrocher un semblant de déprime que l’on voit poindre aux commissures des yeux des gens qu’on pensait toujours optimistes, je mets le petit détail dans ma poche. Aujourd’hui, ce petit détail est un pied de l’autre côté de la frontière espagnole, et cela justifie l’écriture d’une page de blog n’est-ce pas? Mais ce pied je ne le mets pas seul, mais avec les pieds de mes potes qui font le chemin et trace la route avec moi depuis plus de vingt ans. Et oui, à quoi sert-il d'arpenter le chemin si l’on est seul?

1. Dans la vallée d'Ossau, on passe Laruns, puis Gabas, et on prend à droite une route étroite et parsemée de branches à cause du passage du ventilateur Barbarra 2. Départ de la rando au lac de Bious

Ici c’est le Béarn, le 64, au sud de Pau, dans le piémont pyrénéen, là où le cochon s'appelle boudin, là ou la lettre R se prononce en faisant vibrer l’air entre la langue et le palais comme fait l’écho du vent dans les conques des gorges karstiques de la vallée d’Ossau. Notre route part vers le lac d’Ayous avec le Pic du midi d’Ossau comme point central autour duquel on tourne. Boucle de 16km et 800m D+. C’est une rando 4 étoiles. Il fait chaud pour la saison, le redoux a fait fondre les neiges précoces d’il y a quinze jours.

3. Pic du midi d'Ossau à 2884m 4. La descente vers la vallée 5. Point le plus haut de la rando et passage furtif en Espagne

3. Pic du midi d'Ossau à 2884m 4. La descente vers la vallée 5. Point le plus haut de la rando et passage furtif en Espagne

J’ai mis du vent sous mon chapeau et j’ai observé les nuages. La montagne à vaches est belle en cet automne, les bouleaux et les hêtres se déclinent en brun, rouge et marron. L’abscission va bientôt quitter la plaine et envahir la montagne, faire lentement glisser les usines à chlorophylle vers les machineries à humus. Le berger a ramené ses troupeaux de l’estive, l’apiculteur a soigneusement mis ses ruches en hivernage, et le randonneur va commencer à farter ses skis. L’automne en Béarn c’est comme une petite mort qui a loupé son objectif, car on sent le bien être nous envahir en voyant ces paysages magnifiques. On sent que rentrer dans l’hiver va se faire doucement car tout est déjà prêt.

Et voilà une petite dose de couvre-feu qui tombe sur le Béarn, j’en profite pour me resservir du boudin.

So far, so good

6. Les copains au col des moines, Patrice, David et Ludo 7. Patrice, seul au monde, ou presque