L'enquête Corse
Me voilà donc arrivé en Corse avec une météo incertaine. Pas de bol. Quand j'y suis venu en novembre dernier, il a fait un coup de froid inattendu, et donc plus d'insectes, et là c'est pluie et vents d'annoncés. Travailler dehors, quel que soit le métier, est ultra dépendant des conditions climatiques. Parfois j'envie les gens de bureau, mais pas longtemps. Alors, la pression se faisait sentir pour donner des explications tangibles à ma venue à Chypre puis en Corse. J’en ai déjà parlé l'an dernier, mais comme tout bon prof, il faut revenir sur l’ouvrage pour que cela s’imprime dans le cortex des étudiants tête en l'air. Je travaille sur des plantes qui sont invasives à Trump’s land. L’une est l’inule odorante, invasive en Californie, la seconde est l'herbe fontaine, invasive à Hawai’i.
1. Voilà une inule en fleur, vous en avez partout en France en ce moment, pratiquement la seule plante en fleur non exotique; je mets donc un drap blanc sous les tiges et je les frappe, ce qui tombe sur le drap et qui me plait, je le récolte 2. L'herbe fontaine qui est mise en parterre, et bien sûr elle en sort et envahit le milieu
J’ai des sous, des objectifs, des attendus et des rapports à rendre pour ces deux projets, comme tout scientifique qui se respecte (moi je me respecte). Pour l’inule, je viens récolter des insectes et notamment un petit papillon gris-marron. Autant le dire, il est insignifiant, et je ne le ferai pas tatouer sur ma jambe comme certain-es. Je le récolte à l’état de chenille le jour, et d’adulte la nuit. Car il appartient au groupe des noctuelles et c’est donc un noctambule. La journée, le papillon se carapate et il est introuvable, qui sous une feuille, qui sous une pierre, et le soir, à l’heure où fraichit la campagne, c’est open bar au macumba night. Il volette en cherchant l’âme soeur. Quand le couple se retrouve, donc de nuit, ils s’unissent et vont faire plein d’oeufs puis des bébés qui se retrouveront sur l'inule. C’est pourquoi à Chypre j’ai installé ma lumière fluo sur la porte de ma voiture de loc entre 19 et 22h, sauf quand les militaires sont venus taper la causette. Je m’installe de préférence dans un lieu sans lumières parasites - une forêt ou un champ isolé, c'est idéal. Les papillons (mais pas que, certains soirs on y trouve des charançons à grand nez, les fameux balanins des noisettes) sont attirés sur mon drap blanc, je les matte et capture vivant ceux que je cherche, je laisse les autres, une sorte de no-kill. Voilà. De Chypre, je ramène 24 chenilles et 10 papillons dans mes valises. Pas l’abondance, mais suffisant pour démarrer un élevage. En Corse, je vais faire pareil mais avec brucciù et sans haloumi.
3. Le piège lumineux a ceci de fascinant que l'on ne sait jamais ce qui va se pointer, faut juste patienter dans la nuit 4. tiens voilà une copine, hop dans la boite
Les chenilles mangent les feuilles d’inule, et l’objectif est de les utiliser comme agent de lutte biologique pour la Californie, un jour... J’en suis à ma 3ème année. Pour l’herbe fontaine, tout démarre. Je récolte donc des feuilles pour démarrer une étude génétique et savoir l’origine géographique des populations qui sont invasives à Hawai’i. Quand on aura trouvé, j’irai voir dans ces pays (Méditerranée, Afrique de l’est), les insectes qui l’attaquent. Mes nuits en Corse vont donc se passer dans le maquis. J'ai pour cela un accolyte d'exception, Xavier ddL, mais je ne vous en di pas plus ce sera pour la prochaine chronique.
So far, so good
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