Tafoni, ori e tutti quanti

On va vite crever l’abcès, à part une biche du prénom de bambinette, je n’ai trouvé aucune noctuelle qui m’intéressait. Pas cool. Mais c’est ainsi que fonctionne la recherche, avec ses hauts et ses bas. Les raisons? Le froid soudain de ce mois de novembre, que je ne pouvais pas prévoir avant de partir. Il faudra donc que je revienne. Le bonus: avoir rencontré des spécialistes de noctuelles corses super sympas, c’est déjà ça.

J’ai eu le temps sur mon trajet allant de sud Corse vers nord Corse de voir deux choses étonnantes. La première vers Monaccia est ce qu’on appelle les orii. L'oriu est une curiosité corse très originale, dont la résultante vient de l'érosion des roches granitiques que constitue le tafonu. le "tafonu" est emblématique des falaises corses que tout grimpeur affectionne. C’est une cavité naturelle creusée par le vent, l'eau et le sel dans tous les types de roches de l’île. Les bergers en transhumance ont été les 1ers à utiliser ces abris "ori" en y apportant quelques aménagements rudimentaires. Un mur en pierre sèche, ajouré par une porte ou par une fenêtre, permettait ainsi aux bergers d'y trouver un refuge plus sécurisant, protégé de la pluie et du froid. Ces habitats troglodytes remonteraient à l'âge de fer, ce qui parle à l’ironman que je suis. On retrouve ce type d’habitat dans toute la Méditerranée mais avec des schémas architecturaux et des noms différents, comme les trulli en Puglia, les capitelles en Languedoc, les bories en Lubéron etc., etc. J’en ai vu 3, mais le plus beau était trop loin, sur la commune de Serragia et parait-il vaut vraiment la visite.

Pour aller de l'ouest à l'est, j'aime passer par Bavell'. Autant l'été est un calvaire avec camping cars, motos, et autres véhicules, autant là c'est du bonheur. La route était à moi, les virages pouvaient se couper, je m'arrêtais en milieu de route pour tirer un cliché, seuls quelques cochonnailles sur pattes me barraient le passage. Au col, toujours la même plénitude, ici un haut lieu de la grimpe à mains nues. Une météo de malade, et les grimpeurs du moment s'en rappelleront souvent. Moi je passe, je flashe, et je redescends côté est avec des virages sur la mer à couper le souffle. Des paysages grandioses qui me font oublier ma désillusion de rentrer les mains vides.

So far, so good