Orient express
Je le disais au début de ce voyage, l'exotisme est partout et principalement par la présence de mosquées immenses et leurs minarets sans fin qui donnent de drôles de perspectives sur l'horizon bosphorien. Elles ne passent jamais inaperçues car l'opulence et la démesure est aussi bien extérieure qu'intérieure. Je dirais presque qu'Allah est (très) grand et qu'il peut y entrer avec toute sa famille, celle de son prophète, des cousins et cousines, et même la famille par alliance. Quand on voit le monde dans la mosquée bleue, on a compris, à moins que ce soit parce que c'est gratuit...Une autre mosquée qui vaut le détour, sur l'autre rive du Bosphore, est celle d'Atik, sise dans un joli jardin paisible d'Anatolie. Construite en 1583 par la femme du Sultan Selim II et la mère du Suktan Murat III, autant dire que les femmes des Sultans ont bon goût.
1. Les tombes des sultans, de leur femmes, et des fervents; Toutes les tourelles de tombe sont différentes, quant aux inscriptions, je vous laisse utiliser google trad 2. Dans la mosquée d'Atik, toujours cette lumière de l'est qui adoucit les angles; on a hésité à entrer dans cette mosquée, car elle semblait fermée, c'était sans compter sur le super gentil gardien qui nous a accompagnés avec le sourire et nous a poussés dedans; Pendant plusieurs décennies, je boudais les lieux de culte, car l'athée qui est en moins n'y voyait que du religieux, mais à présent j'y vois aussi de l'art et l'apaisement; dire que j'ai loupé mariages, baptèmes et autres cérémonies 3. Voit-il la lumière comme moi je la vois?
L'orient c'est aussi la nuit qu'on l'apprécie, car la foule s'évanouit dans les hôtels et les apparts, la misère aussi, et seules les lumières bien orientées laissent à voir ce qui est invisible en journée. La mosquée bleue vue de l'eau, la Sainte Sophie à minuit deviennent des monuments vivants.
4. Istanbul de lumière (de pétanque, c'était moins dans le ton) 5. Aya Sofia, ou une ancienne cathédrale débaptisée en mosquée
Et puis l'orient, c'est le contact avec le peuple. Au détour d'une journée fatigante à marcher, 30000 pas qui use les babouches, on attérit dans un lieu de vapeur sans les voiles, un lieu de serviettes sans torchons, un lieu de haute température sans sueurs froides, j'ai nommé le hammam. Je paie mon entrée, environ 15€, et le patron tire la tronche car je ne prends pas le massage. J'ai déjà expérimenté donc ce soir le massage du barbu bedonnant ne passera pas sur mon corps svelte à la peau douce. Il donne une serviette, des claquettes sans chaussettes, et c'est parti pour passer la porte de l'enfer. Ce hammam (adresse: Kadırga Limanı Cad. 69,) date de 1154 et a été construit sous la protection du grand vizir Yahya Pacha. Dans la section des hommes, après un vestiaire en forme de dôme carré, se trouve une salle chaude type sauna (je dirais 70°) à trois dômes, avec des vasques en marbre et des robinets persans en laiton. Dans la description du hammam sur leur site web en turc, j'adore ce qu'ils écrivent " On pense que la section féminine, à laquelle on ne peut accéder, a le même projet". Le projet est le même, je tiens l'info d'une journaliste en permanente investigation.
6. Salle d'entrée un peu austère du hammam, mais le bonheur est derirère une autre porte 7-8 Les mains du roi d'Istanbul, le faiseur de Pide et lahmacun 9. La carte des pide de chez Imren, là où il faut absolument aller.
Et enfin l'orient, c'est des saveurs gustatives incroyables. De mes nombreux passages en Turquie, j'avais quatre choses en tête que je voulais regoûter: les pide, les galettes lahmacun (prononcez lamajoune), l'iskender kebap et l'ayran. Le dernier est un yogurt liquide salé, qui permet d'éteindre le feu dans la bouche quand on a mal compris la question du serveur sur le niveau d'épice dans le plat. Et puis dans 90% des bars et restos d'Istanbul (hors quartier touristique), il faut oublier l'alcool, alors l'ayran est votre ami. L'iskender c'est du fromage blanc, de la pita coupée en morceaux surmontée de barque et légumes en sauce. Un délice. Quant aux pide, ce sont des pâtes en forme de bateau, cuites au four à bois avec une garniture variable, moi j'adore la kasarli pide, au fromage. Vous sentez les arômes? Puis le Lahmacun c'est le truc qu'on mange sans faim et sans fin, une sorte de pizza turque fine fine, soit épicée "acali lahmacun" soit avec persil "Malatya lahmacun". On a trouvé le meilleur resto de quartier d'Anatolie stambouliote. Les prix parlent d'eux-mêmes (1€=35TL).
10. Bonne nuit Istanbul, je reviendrai 11. Pierre Loti était un académicien, écrivain et officier français de la fin du 19ème. Il a embrassé Istanbul (et aussi une belle femme de harem, prénommée Hatice) comme chez lui, même Ataturk lui a fait une dédicace et le douanier Rousseau une peinture (pas de chanson de la Compagnie Créole par contre); ce café était là où il aimait venir, et il domine la ville. Il faut y aller au coucher du soleil.
Et puis on finit ces saveurs avec la visite du café Pierre loti, environ 40mn à l'ouest d'Istanbul. Ce qui est plaisant est d'y arriver en bateau (50cts) et d'en repartir pour le même prix en tram. Le café se trouve en haut de la colline surplombant la corne d'or. C'est une attraction populaire où il est de bon ton de se montrer avec un verre de thé à la main et un San Sebastian. Vous connaissez cette pâtisserie qui parait-il est un incontournable d'Istanbul? C'est ni plus, ni moins un cheesecake recouvert de nutella coulant. C'est pas mauvais mais ça coute une blinde (7-10€ la part). Alors si un très bon ami, disons comme vieux d'une amitié de 40 ans, vous dit "eh allons au pied de la tour de Galata pour gouter un San Sebastian". Fuyez cette relation toxique avec cet instagrameur/tiktoqué, et allez plutôt manger un Lahmacun chez Imren, il vous en coutera 5 fois moins et vos papilles me remercieront.
So far, so good