D10S
C'est un culte, un mythe, que dis-je, une fascination. Tout à Napoli tourne autour du Pibe de oro (le garçon en or), à savoir le numéro 10 sacrosaint que fut Diego Armando Maradona. Arrivé ici le 5 juillet 1984 au stade San Paolo et accueilli par 75000 tifosi, il a marqué la ville à jamais. Si un touriste rentre dans Napoli sans jamais avoir vu une photo de Diego, et bien il ne pourra plus dire ça en la quittant. Il est juste partout où votre regard se pose, cela en est presque une overdose comme aurait dit l’impétrant.
Il faut savoir que le culte est venu car Diego a oeuvré ici, en faisant gagner au Napoli, l'équipe de foot, son premier scudetto en 1987, à savoir le championnat d'Italie, puis de nouveau en 1990 (un 3ème a été gagné en 2023, et pour cela on voit le chiffre 3 arboré un peu partout sur les murs de la ville). Donc Maradona a apporté deux scudetti à Napoli, rien que ça, pour des napolitains, cela suffit à sanctifier un homme. Mais l'homme, devenu saint, a aussi oeuvré en local, en aidant les enfants pauvres, en apprenant le dialecte (qui est une langue quasiment incompréhensible de l'italien classique), et en habitant un quartier populaire de Napoli, celui des espagnols. C'est donc un tout qui a transformé l'homme en dieu. Et depuis le numéro 10 emblématique napolitain est devenu D-10-OS, dios...le Dieu.
2. Les dieux de Naples, Pino Daniele et D10S; Pino avait une voix envoutante, enveloppante, et militante, écoutez par exemple "Napule è" puis "JE SO’ PAZZO", un morceau qui permet de chanter fort des gros mots 3. La place culte à l'effigie de D10S; c'est que viennent ce receuillir les tifosi, notament quand il est mort en 2020. C'est le quartier des espagnols où il a vécu. Cette fresque date de 1990 et le visage correspond à la fenêtre de la salle de bain d'un boucher du quartier, qui dans la mesure du possible, garde ses volets fermés; cette fresque est la tour Eiffel ou le Colisée de Napoli. A noter, les coeurs suspendus, je vous invite à les lire et les traduire, notamment le 3ème à droite, qui montre tout l'amour que portent les tifosi napolitains envers leurs ennemis turinois
Au delà de cette approche factuelle d'une situation un peu surjouée, qui pourrait paraître superficielle, il y a un mouvement vers l'avant qui a amené Napoli, ville fondée 7 siècles avant JC par les grecs, à muter, à se transformer en une ville plus "propre et plus sûre". Le nom originel de Neapolis devenu Napoli, "nouvelle ville", n'a peut être jamais aussi bien porté son nom que maintenant. Je sais que c'est mots peuvent paraitre du carton pâte quand on sait l'emprise de la ville par la mafia, la Camorra, mais des signaux sont apparus. En marchant dans les quartiers, on sent la volonté d'embellir, de donner envie au touriste de venir, de rester, de consommer, et de se sentir en sécurité. Attention, tout ceci est un leurre, car la peur, le business de la drogue, les assassinats existent toujours, mais moins courants, moins dans le coeur de la ville, afin de laisser le tourisme se dérouler. Car la cité parthénopéenne s'embellit. On voit des travaux sur la promenade du front de mer, autour du château musée du bord de mer, et un peu partout dans les rues, les ruelles, qui ont ont banni progressivement les voitures.
4-5 Ode à la Sofia Loren, actrice sublimée des années 50-60s, au regard magnétique et la plastique irréprochable; le graffiti de droite a été vandalisé au niveau du regard sensuel en décembre dernier, et certains disent qu'il faudrait mettre le portrait sous plexi, cela pourrait éviter aussi les vandales aux soupes de légumes
Donc Napoli ce n'est donc pas que Maradona, bien heureusement. Cette ville mérite d'y rester 2-3j, comme chaque grande ville d'ailleurs. N'y venir qu'un seul jour, c'est comme prendre une claque et ne pas avoir le temps de la rendre (oula je sais, c'est péché que de riposter, surtout en terre catholique). A Napoli, il y'a quatre choses incontournables: manger une pizza margherita (facile à réaliser), monter au chateau Santelmo pour dominer la ville (moyen facile car il y a beaucoup à marcher, mais c'est beau. ps/ il y a aussi un funiculaire), voir le Christ voilé, une oeuvre d'art en marbre assez bluffante de réalisme (10€ un peu cher quand même), et visiter les catacombes et apprendre que Naples, avant d'avoir été piquée par les romains est en fait une ville fondée par les grecs. Tout mérite le détour, en ajoutant ça et là, un capuccino, un babà au rhum (dessert napolitain), ou juste se poser en coin de rue et profiter de la rumeur et des fourmis qui déambulent.
So far, so good
7. Dans un petit duomo de quartier, un ancien nous dit d'y rentrer car c'est beau. On s'éxécute et nous voilà devant une vierge Marie allongée au plafond, assez rare pour être évoqué 7. Le fameux Christ voilé en photo (attention c'est interdit, mais j'ai bravé les gardes pour vous) 8. Le golfe de Napoli depuis le chateau Santelmo (visite à 2€50 après 16h), avec cette vue envoutante sur le Vésuve