Meetic 3.0
Les insectes sont merveilleux. Ils mettent en place des stratagèmes pour faire connaissance sans distinction de couleur, de forme ni d'origine, et je ne parle même pas de religion. Bref, la femelle d'insecte est capable d'émettre des molécules dans l'air, et le mâle qui passe dans les alentours (même à plusieurs kilomètres) les récupère au vol avec ses récepteurs souvent distribués sur ses antennes, et se dit "tiens, tiens y'a moyen de pécho dans le coin". On parle alors de phéromones, des molécules bien précises qui ne sont émises et reçues que par des individus de la même espèces. Vous voyez l'histoire si un chat ou un boeuf répondaient aux phéromones d'un charançon ou d'un papillon? Cela aurait surement fait l'objet d'une fable de Jeannot de la Fontaine. Parait que même nous, humbles humains en produisons, mais que nos récepteurs nasaux n'ont pas encore été déterminés avec précision. Affaire à suivre.
1. Voilà un piège à phéromone un peu artisanal, c'est d'ailleurs l'artisanat que l'on cherche à tester en ce moment; ça ressemble à une lampe de camping et à l'intérieur de la partie supérieure on a mis un bout de plastique imbibé de phéromones d'une punaise femelle
Mais nous, avec nos petites bêtes, on a de la suite dans les idées, et comme en plus ce sont des bêtes nuisibles, on a envie de les contrôler. Ici la plante à protéger est le câprier, et la bête à éliminer est la punaise Bagrada. Ok, Ok, j'en ai déjà parlé sur ce blog. L'objet de cette visite sur l'île est de poser des pièges pour capturer la Bagrada en utilisant les phéromones d'une autre punaise, l'asiatique. C'est vrai que plus haut, j'ai dit que normalement ce n'était pas possible entre les espèces animales, mais nous les chercheurs on aime bien chercher la petite bête. Alors comment ça marche tout ça? Une fois qu'une phéromone d'insecte est connue au niveau chimique, après on essaie de la synthétiser artificiellement. Forcément on allait pas non plus faire cracher des femelles à longueur de journée. Une fois les molécules synthétisées, on les imbibe sur un carton ou on les met dans une fiole, et on expose ça dans le champ. Avec cette technique, on flirte avec l'écologie chimique bien sur, mais c'est un pan tout entier des insectes que l'on ignore souvent, et ça c'est assez excitant. Quand on pousse le bouchon un peu plus loin, on va appeler cela de la "confusion sexuelle", c'est à dire qu'on inonde le milieu environnemental avec plein de phéromones de femelle. Ainsi, les mâles se retrouvent "confus", car ne retrouvant pas leur moitié pour taper la discut. Ils errent comme des âmes en peine, et meurt au coin du champ. Le but est bien sur de tuer des insectes ravageurs, on est bien d'accord, hein?
2. Et voilà un autre piège encore plus artisanal avec des pics de bois trouvés dans le chemin; la partie rectangulaire est collante et permettra de capturer les punaises quand elle viendront dessus
Une fois qu'on a posé nos pièges à phéromone dans le champ, on patiente. La punaise mâle de Bagrada, par l'odeur alléchée, pourra, si elle le veut, se diriger vers le carton imbibé et va se retrouver collée sur la surface plastique translucide. Comme ça, quand je reviendrai dans un mois, je verrai bien si cela a marché. Vous avez, comme moi, 1 mois à patienter. Bien sur, dans toute expérience, on met un "témoin", c'est à dire un piège sans la phéromone, pour voir si on capture aussi de la punaise. En ésperant que dans un mois, il pleuvra un peu moins.
So far, so good