Lost in translation
Scarlett est assise sur le rebord de sa fenêtre, on est au milieu de la nuit. Elle ne dort pas car elle est en plein décalage horaire. Sa chambre est au 14ème étage du Hyatt Hôtel de Shinjuku, un quartier hyper populeux de l'ouest de Tokyo. Quelques étages en dessous, il y a Bill, alias Bob, qui lui non plus ne dort pas. Bob est là pour faire la promo de whisky Suntory. C'est l'une des scènes mythiques du film Lost in translation. Sofia Coppola en a signé la réalisation en 2003 en à peine 1 mois à Tokyo. Elle obtient l'oscar du meilleur scénario original. Son actrice emblématique est Scarlett Johansson, alias Charlotte. Ce film ne me laisse pas indifféremment, peut être Charlotte non plus. Voilà qu'au détour d'un voyage à Tokyo, je viens sur les traces de ce film, je ne pouvais donc pas m'arrêter là.
1. Dans n'importe quelle supererette, qu'on appelle Konbini, comme 7Eleven, on trouve du Suntory, à seulement 10€. Sur qu'une bouteille sera dans la valise de retour
2. Voilà Bob qui est shooté pour faire la promo de ce fameux whisky japonais. Si vous ne connaissez pas, savourez la à sa juste valeur.
A Tokyo, on est forcément perdus dans la traduction des mots qui nous entourent jour et nuit, forcément désorientés à un moment ou à un autre, là où notre regard se pose. Il y a 3 écritures du japonais, la kanji (la traditionnelle), la kana (divisée en katakana et hiragana, et sont des écritures plus stylisées et arrondies), et la romanji (écriture latine, que nous pouvons lire). L'écriture historique, d'origine chinoise, est celle des kanjis ou idéogrammes qui s'accolent les uns aux autres. Voici un exemple:
Hiragana きんぎょ |
Katagana キンギョ |
Romanji kingyo |
3. La devanture d'un resto tokyoite; y'a du kanji et du katagana, on y voit même sur la pendule les chiffres arabes traduits en kanji; à vous de bosser
Apprendre le japonais doit être une belle expérience, un travail de longue haleine. J'ai appris un nouveau mot, un mot important: Kanpaï, qui veut dire Santé. Je l'ai mis de suite à exécution, en partant vers le quartier de Shijunku. C'est dans ce quartier que se trouve la mairie et la tour en dentelle. L'objectif du jour était le 52ème étage de la tour Hyatt. Vous devinez pourquoi?
4. En ce soir de mars 2019, l'atmosphère était sensiblement la même, comme si rien ne s'était arrêté.
A 1mn46, Bob est à l'angle du bar, il écoute une chanteuse de Jazz, Bob se sent seul, seul dans Tokyo la gigantesque. Il boit son whisky salvateur, avec le whisky Suntory, la solitude passe plus vite. Il allume un cigare, il n'est pas le seul à fumer. Au Japon, on fume dans les bars, les restos, un sacré paradoxe, sachant que des trottoirs entiers des villes sont interdits à la clope. Le Japonais se cache pour fumer, en fait il se cache pour tout. Donc, à cet angle du bar, Scarlett va le rejoindre, et ensuite le film va prendre une autre ampleur. A cet angle du bar, j'y étais, nous y étions. Le lieu est magique, on est dans le luxe, avec un verre de Pisco à 2300 Yens. Mais quand on traverse le luxe sans s'y arrêter, rien n'est grave.
So far, so good
5-6 On est arrivés là la veille, mais il était 20h, et faut le savoir à cette heure on paie un extra de 20€/tête pour écouter du jazz, alors on a dit qu'on reviendrait; et le lendemain nous revoilà au 52ème étage, face à cette vue, accoudé à ce bar à boire notre Pisco pendant une petite heure; l'effet est saisissant par une nuit claire comme ce soir. A ce bar trônent les 5 loupiottes, les mêmes qu'en 2003. j'aime bien cette confrontation des images entre passé et présent. Ce serait comme marcher dans Rome sur les traces de "Nous nous sommes tant aimés" de Scola, ou dans NYC avec Woody Allen. Musique puis Cinéma, Tokyo me transporte dans des univers parallèles, et ce n'est pas fini.