Ta mère en biltong
Le voyage est long sur la côte ouest de la sudafrique. Départ du cap et remonter vers le Namaqualand, et forcément redescendre. On inspecte plein de fermes, soit productrices de tomates, choux, thé, oignons, à la recherche de la Bagrada perdue. Rappelez vous c'est cette petite punaise noire et rouge que je cherche depuis deux ans maintenant. Tout va bien, on la trouve (je dis ça pour les plus anxieux qui me suivent - détendez-vous et faites vous un vin chaud). J'ai un gros Toyota, ça passe presque partout, car ici le sable est roi. Les fermes sont grandes, et on s'enfonce facilement pour passer d'une parcelle à une autre. De plus, toutes les routes entre les villes ne sont pas goudronnées, et louer un SUV permet de ne pas se faire avoir sur des routes à graviers et poussière, notamment le long de la côte.
1. C'est l'itinéraire aller. Le retour va se faire un peu par la côte 2. Quatrième journée du Dakar, Sébastien Loeb abandonne suite à un ensablement dans une dune; nous aussi on s'est ensablés dans un champ de Rooibos, mais comme on est pas des débutants on a glissé du bois sec et des branchages d'eucalyptus, et hop on repart. Et Loeb se dit pilote...
Je suis en route avec un jeune étudiant en entomologie, Steffan, de l'Université de Stellenbosch, haut lieu de la viticulture. Il a la soif d'apprendre, il a la naïveté de ses vingt ans, et moi j'apporte la maturité, bien sur. C'est un remake de Thelma et Louise au masculin, en espérant que ça se finisse mieux. On visite des fermes, et donc des fermiers, grands, trapus comme des rugbymen, forcément blancs, forcément patrons, forcément riches, mais aussi très accueillants et curieux. Je n'en demande pas plus. Ici ça parle Afrikaans entre deux blancs, mais l'anglais est aussi officiel. La couleur reste un drôle de facteur dans ce pays. J'ai plein de questions sans réponses. Faudrait que j'y vive. Il reste des sourires et des bonjours qui se donnent au quotidien, partout, à pied, en voiture, entre n'importe qui, et ce quelque soit la couleur. Moi ça me ressource.
3. L'eau c'est la vie, et donc l'irrigation aussi, surtout en agiculture; tout est sec autours sauf là où les citronniers poussent 4. Pareil avec les céréales qui poussent en cercle pour pouvoir mieux les irriguer avec de grands arrosoirs tournant en leur centre 5. Récolte des tomates plantées à même le sable et bien sur irriguées
Hier c'était barbec (Braï en afrikaans) maison. On a attéri chez l'habitant, à Vanrhynsdorp, et on est donc allé chercher de la barbac. Y'a un seul boucher dans ce trou pommé, mieux que rien. Dedans c'est Disney world. On prend des beef ribs, des brochettes, et du biltong. Aux US, ils ont le Jerky, ici c'est le biltong, de la viande transformée et séchée, parfois assaisonnée. C'est une tuerie. Mon préféré est le biltong de springbok, une gazelle toute mignonne qui court à 90km/h avant qu'on la chope. Le biltong se fait à partir d'élevage. J'en ramène pour les gourmands, mais faudra passer.
6. Jeune biltong de boeuf sur son étendoir et son sèche cheveux; plus c'est vieux, plus c'est goutu 7. Pareil, mais sous forme de longues saucisses qu'on demande à débiter; 3€50 la saucisse, un délice.
Au moment de payer, on discute avec le boucher, normal quoi. on lui dit ce qu'on fait, et il répond "oh, ben y'a un entomologiste au village". Dans ma tête j'me dis qu'il a du comprendre gynécologiste ou un truc du genre. Il ouvre son calepin de clients, appelle, et un type arrive. Barbe blanche, retraité, souriant, et je me présente...dans la boucherie à biltong. Le mec connait ma punaise par son nom latin, me parle d'un collègue à Montpellier que je connais. Je m’assois et me ressers du biltong. Dans cette ville de 6000 habitants, ce soir on a multiplié par 3 le nombre d'entomologistes. Notre barbec était excellent avec ce viognier local, juste un poil meilleur qu'un viognier du Ventoux.
So far, so good
8. Steffan, le zulu blanc