Baobab café
Vous aimez les baobabs, vous allez en avoir. Cet arbre est pour nous français, une sorte de marqueur de l'enfance avec le Petit Prince, ou il était d'ailleurs mal vu. Je vois donc cet arbre avec beaucoup de souvenirs personnels. J'ai vu mon premier au Bénin en 2008, puis ensuite en Afrique du sud, et au Kenya. Il ne peut pas laisser indifférent pour la simple raison qu'il n'y en pas deux qui se ressemblent, comme nous autres êtres humains. Il occupe une grande place dans la culture africaine car c'est un arbre à palabres. Il est souvent sur la place du village là où on lui tourne autour à pied, à vélo, en boda boda ou en shuttle.
1. Comme toute bonne famille africaine, il ya 8 espèces chez les baobabs, et elles sont toutes en Afrique sub-saharienne 2. Quand la caravane passe, le baobab ne bronche pas
Son petit nom est Adansonia digitata et appartient à la famille des Bombacaceae. Moi dans les bombes à casser, j'aurais plutôt vu Monica Bellucci ou Gisèle Bundchen. Bref, cet arbre est vénéré aussi pour ses vertus alimentaires et médicinales; de l'écorce à la graine, on mange tout dans le baobab, un peu comme le cochon. Ce qui marque c'est son tronc ventru, bombé, robuste qui monte haut, à tel point qu'on a l'impression que c'est un gros moignon avec des petits branches. Mais on l'aime pour ça, et venir en Afrique pour le voir est une sacré récompense. Vous le savez, j'aime pointer la bêtise humaine, et bien en voilà un bel exemple avec le Président Géorgien qui a demandé à importer des baobabs kényans pour les mettre chez lui dans une réserve à "grands arbres du monde". Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, à part dire que le gouvernement kényan a accepté ce deal, et cela force l'irrespect.
4. Un baobab encagé pour partir en Géorgie, voilà l'article https://news.mongabay.com/2023/06/kenyan-baobab-trees-uprooted-for-export-to-georgia-critics-call-it-biopiracy/ 5. Voilà un vrai baobab mort de sa belle mort
Vendredi après-midi, nous avons traversé à pieds des villages aux maisons en torchis et des places de village ou des jardins avec leur baobabs. Et puis on a rencontré des gens accueillants qui nous ont aidé dans nos recherches. Eurêka, notre graminée a de nouveau été trouvé près de Mombasa dans un village où on arrive par la piste de terre rouge. Je peux vous dire qu'à l'arrière du 4x4, ça tape le cul. J'ai trouvé la plante dans une petite vallée pas très loin de l'école, j'entendais les enfants rire, crier, jouer au foot. Puis en revenant voir mes collègues, on a montré la plante et sa fleur à des fermiers, qui nous ont dit, on la connait bien, elle s'appelle Lucy (oui comme le prénom), et on va vous emmener chez nous, on en a plein.
On les suit à travers les chemins entourés de cocotiers, maïs, manioc. Effectivement, un beau champ s'offre à nous et durant 2h on a le nez dans la plante. Sous la chaleur, soudain Charo arrive vers moi avec...une noix de coco ouverte et j'avale le jus quasiment d'une traite. On a rien demandé à ces gens, on est chez eux, et en plus ils viennent nous offrir à boire. Ensuite j'ai mangé toute la chair: un délice. On est parti en leur disant qu'on espère bien revenir. On leur à filer un bon billet pour les remercier. Charo a 6 enfants, et son père qui est venu au champ en a eu 11, surtout sa femme, qu'on a pas vue. On est en terre musulmane, les femmes ont le voile, mais aux couleurs africaines. Même les jeunes filles le porte...
Je suis rentré des lumières dans les yeux après une après-midi non seulement fructueuse au plan scientifique, mais surtout au niveau humain, les photos transmettent le message.
So far, so good