Dépassons les bornes

Après un pied en Belgique la semaine passée, me voilà avec un autre en Suisse. Ici, que des bois de hêtres et sapins, une herbe bien verte grâce à une terre bien riche qui permet aux vaches montbéliardes de faire produire toutes sortes de fromages. Le passage est une nouvelle fois furtif, mais l'intensité est à son maximum. On est dans le Jura, cette belle région mitoyenne franco-suisse qui regorge de pépites gustatives. Comme cette distillerie Guy (dont un des enfants, Fabrice, est champion olympique de combiné nordique au JO d'Albertville en 1992, comme quoi une bonne prune avant de se coucher permet de réaliser des exploits). Sise à Pontarlier, cette maison distille de tout, bourgeon de sapin, myrtilles, prune, poire et anis bien sûr. Le fameux Pontarlier est un apéritif concurrent du Pastis (qui lui n'est pas distillé), à base d'anis vert.

En quittant Pontarlier, et en montant en altitude (vers 1100m), on croise des Tesla, des Porsche; la Suisse se rapproche. D'ailleurs, on se commande un roesti. Originaire de Suisse, les roestis se préparent avec des pommes de terre à chair farineuse, puis on les surmonte de saucisses de Morteau pour apporter une touche locale. C'est succulent.

De mémoire, passer une frontière suisse a toujours été du sport. Une fois, ils ont cherché de la drogue dans ma voiture, moi qui suis non fumeur en tout genre, un comble. Cette fois, point de contrôle anti drogue, car point de douanier, mais juste une borne en pierre érigée datant de 1649. Les deux extrémités du pays valaisan seront reliées par un abornement continu dès 1649. Berne bordait alors la Franche-Comté espagnole. En 2022, on peut encore voir ces magnifiques bornes, blasonnées du lion et de l’ours, ça et là dans les forêts jurassiennes. La Franche-Comté deviendra française en 1678 sous Louis XIV, et c'est comme ça qu'on pourra garder français la cancoillotte, le comté et autre bleu de Gex.

So far, so good