Blonde comme les blés
C'est toujours le problème quand je pars bosser dans une destination touristique, j'ai un peu honte de l'espèce humaine. Chypre ne fait pas exception. On atteint ici le paroxysme du mauvais goût dans le tourisme de masse. Bien sûr, ceci n'est qu'un appréciation personnelle, et ne s'applique surtout qu'aux bords de mer car disons que l'intérieur des terres est plus commun, plus traditionnel. La partie grecque de l'île est un amoncellement de ville à plages plus ou moins réussies. Les transats gisent sur les plages par centaines et attendent qu'un fessier s'y pose. A peine posé, un garçon de plage s'approche pour s'acquitter de sa dîme. En ce début mai, on sent que la guerre russe impacte le tourisme chypriote, car ce pays est une destination prisée des russes. Ils représentent 20% des touristes après les anglais. A Limassol, plus à l'ouest, près de 70% des touristes sont russes, et nombre d'entre eux vivent ici à l'année. Voir des plages desertes en mai préfigurent d'un mauvais été pour l'économie locale. A d'autres endroits, ce sont des hordes de buggies conduits par des touristes en mal de sensations à deux balles qui sillonnent des chemins terreux pour voir une crique réputée inoubliable. Mais aussi, on peut voir des bateaux longer les côtes avec des touristes hurlants à l'approche du plongeon dans cette eau limpide et bleue. Je ne reviendrai pas dans ces coins de l'île. Cela tombe bien mes insectes se trouvent en altitude.
1. Dans le sud est de Chypre, on trouve Agia Napa et sa côte escarpée; ici le bateau du pirate des Caraïbes vient de poser l'ancre pour y deverser des blancs becs qui vont bientôt sauter dans l'eau; pendant ce temps là, Jack Sparrow se démèle avec la justice pour des violences conjugales supposées; il aurait mieux fait de rester sur son bâteau 2. Emma Peel à Chypre? une réalité. Et sur ce coup là, on a une blondinette championne du monde de la pose 3. Voici les grottes de mer
En entrant dans les terres au dessus de Larnaca, on change d'horizon. On trouve des villages agricoles parsemés au milieu de collines jaunies. Ici en ce début mai, le blé est fauché ou presque.
C'est étonnant de voir l'avancement de la végétation par rapport à des territoires que l'on connait, et surtout des plantes dont on connait les moindre détails. Ici beaucoup sont déjà en fleur, voire en graines, alors que chez nous on entre doucement dans le printemps. Les bords de routes sont jaunies d'avoines sauvages, et j'ai un peu de mal à trouver ma plante fétiche qui est l'inule fétide. En fait, elle est toute petite et presque insignifiante, mais il suffit de frotter ses feuilles, de les porter à son nez, et on sait de suite qu'on a affaire à elle. Fétide l'odeur? moi je dirais médicamenteuse. Cette espèce est décalée dans son cycle par rapport à la majorité des autres, puisqu'elle fleurira vers septembre et offrira ses graines au dieu Éole vers octobre. Cette semaine est donc de l'observation, de la prise de notes, pour mieux revenir plus tard en saison et récolter des papillons. Mais heureusement, il y a d'autres plantes d’intérêt sur l'île, mais ce sera pour plus tard.
So far, so good