Tu vibres, Ô ma soeur?
L'objet de ma visite dans le Trentino est de découvrir un labo et ses chercheurs pour envisager une collaboration. Une sorte d'approche commerciale diraient certains sauf que nous l'argent et ses bénéfices on s'en fout, à part l'argent pour financer le projet et les bénéfices des connaissances scientifiques. Les gens ici vivent dans un lieu où la vue sur les montagnes rend serein et accueillant, ce qui est le cas. Ces gens bossent sur la TIS, cette technique qui bousillent les spermatos des mâles des insectes indésirables (la mouche suzukii, la punaise diabolique et aussi ma copine la Bagrada). Mais ils bossent aussi sur les petites guêpes qui parasitent ces espèces. Bref, on a beaucoup de choses en commun, alors commençons la réunion avec un bon caffè stretto.
1. La fondation Mach existe depuis 1874 et à présent quelque 600 employés, l'Université du Trento y est rattachée, ce qui fait qu'il y a un gros vivier pour trouver des solutions aux problèmes agronomiques
La TIS, dont je vous parlais le 1er jour, est vieille de 70 ans, mise en place aux US d'abord, elle a fait ses preuves, notamment pour irradier les mâles de mouches (Lucilie bouchère) qui gênent les vaches. Depuis, tombée un peu en désuétude, la TIS revient sur le devant de la scène pour de nouvelles espèces invasives sus-nommées. Moi, c'est la Bagrada qui me branche, et j'ai déjà commencé à bosser sur des œufs irradiés (on les expose quelques minutes à des rayons X ou gamma de différentes intensités avant que les larves qui en sortent, puis les adultes qui en découlent soient complètement stériles). L'idée serait de recevoir un PhD italien pour avancer encore plus dans mon étude. ça se tente.
2. Toutes les cages en tulle renferment des punaises à risque. Et la pièce est au sein d'un bâtiment qu'on dit de quarantaine, soit avec entrée et protection réglementées.
Mais ici ils travaillent sur plein de choses et notamment sur un truc assez original: les vibrations des insectes. Pour être nuisible, un insecte doit a minima se poser sur la plante qu'il consomme, et certains comme les cicadelles émettent des vibrations sur la plante pour communiquer entre elles. C'est ainsi qu'a germé l'idée de perturber ces cicadelles en envoyant des vibrations parasites. Celles-ci sont émises par un courant électrique. Le modèle est la vigne qui a deux cicadelles majeures qui s'attaquent à elle. Les collègues de la FEM arrivent donc à déranger les insectes qui vont aller voler (et manger) ailleurs. Et puis surtout, mâles et femelles n'arrivent plus à se retrouver puisque des vibrations il y en a de partout. En posant la main sur les fils métalliques qui courent le long de la vigne, on sent ces vibrations. Faudrait que je trouve un truc similaire pour faire fuir les sangliers qui bouffent mes patates à la cabane.
So far, so good