Vous allez manger un bout?
Depuis le 29 janvier 2021, "Toute entrée en France et toute sortie de notre territoire à destination ou en provenance d'un pays extérieur à l'Union européenne sera interdite, sauf motif impérieux". Donc, si je lis bien, je peux passer tranquilou en Espagne, Allemagne ou Italie? Et bien non, car "les déplacements sont autorisés pour des motifs impérieux et vous êtes soumis aux règlementations des deux pays". Motifs impérieux...? Pas facile à trouver. Bon, je vais réfléchir, car pour que ce blog existe, faut bien que je sorte des limites de l'hexagone. Quel casse-tête, comme dirait Jean.
Vous connaissez tous l'expression "pressé comme un citron", et c'est un peu ce que l'on vit depuis un an. On nous prend 1 mois, puis deux, on nous enlève des heures de sortie, puis encore deux en moins. On nous réduit les distances, on nous les allonge un peu. Bref, le zeste d'espoir qui restait dans le citron est au bord du tarissement. Et pourtant, aucun d'entre nous n'est restaurateur, patron de bar, directeur de théâtre, ou de cinéma, artiste, et j'en passe. Aucun d'entre nous est non essentiel, comme ils disent. Mais même, si on ne l'est pas, on souffre, à notre manière de ces privations de liberté. En ce jour de Saint Valentin, qui n'aurait pas aimé un p'tit resto en amoureux, un w-end en gîte après un happy hour dans un bar branchouille, ou une petite rando en raquettes avec une nuit en refuge avec une fondue savoyarde? Qui? personne.
En attendant, pour passer le temps, me voilà sur les pistes de ski. La neige est bien tombée, ce serait dommage de s'en priver. Oui, mais faut oublier le ski de piste. INTERDIT. D'ailleurs, ceux sui croient encore que c'est par risque de contamination au covid dans les bus et trains qui amènent en stations, ou sur le tire fesse, que les stations sont fermées, se mettent le bâton de ski bien profond dans l’œil. La raison de cette fermeture tient "juste" au fait que sur les pistes alpines, chaque jour des genoux se tordent, des traumas se créent, des épaules se cassent, et que tout cela bloquerait les hôpitaux. Elle est bien bonne celle-là. Mais peu importe, quand je parlais de faire du ski, j'entendais ski de fond...car pour le coup, on peut toujours louer des skis et pratiquer ce sport en France sur des pistes bien damées, damned.
Me voilà à Briançon, ville au cinq vallée dans le 05. Le ski nordique se pratique dans la vallée de la Clarée, à Cervières, à Puy Saint Vincent et à Montgenèvre. Il n'y a personne sur les pistes, et c'est le paradis. Le skating est un sport qui imite le pas du patineur, on lance un ski vers la droite, un ski vers la gauche. On a aussi deux bâtons pour pousser fort, et c'est parti. Dans les montées, ça chauffe les cuisses et les épaules, et dans les descentes, on a chaud aux fesses.
2. Partir au ski en 4L, quand d'autres ont un SUV, ça ne change rien, tant qu'on a des pneus neige 3. Un bel exemple du pat du patineur par _5°C
Quand on fait 2 à 3h de skating, on est rincé et on a envie d'une bonne bière. Ah oui mais non, les bars sont fermés. Et c'est là que j'ai réfléchi: Mongenèvre dans les Hautes Alpes, est à 2km de la frontière italienne, je démarre le moteur et allons y voir. Le passage de douane est rétabli, et je vous rappelle qu'il faut un motif impérieux pour quitter la France: J'arrive devant le gendarme moteur allumé, bonnet sur la tête:
-Bonjour, vous allez où?
-A Clavière, juste en dessous, et ensuite on rentre sur Briançon
-Vous allez manger un bout?
-Oui
-C'est bon, bon appétit.
Et voilà, le gendarme avait trouvé le motif impérieux "manger un bout" et boire une bière en Italie.
4. Co's'appelle....ah oui, ça s'appelle un bar 5. Pizza quatre fromages ou le bonheur pour 8€ dans l'assiette au resto 6. Souriez, vous êtes en Italie
J'ai pensé à vous tous en avalant cette première gorgée de bière pression, tout comme quand j'ai avalé une polenta succulente, suivi d'une pizza quattro formaggi et d'un cappucino. Au retour, on repasse par la frontière, le ventre plein, les yeux pleins de lumière, et un autre gendarme nous demande d'où on vient. On est allés manger...blabla...et on rentre à Briançon. Il a voulu voir la note du resto, mais pas de test PCR Covid, comme c'est la loi. Dans un sens, comme dans l'autre on est tombés sur des gendarmes conciliants. Voilà, c'était l'histoire de plaisirs minuscules dans un commerce essentiel, mais côté italien, car chez nous, tout ça n'est encore que du rêve.
So far, so good