Las miseras
Environ 15 ans que je tournais autour de cette ville du Nevada, sans jamais y rentrer. Las Vegas est plantée au milieu du désert, comme une prison lumineuse qu'on aurait voulu isoler du reste du monde. C'est quand même la ville d'Elvis, Céline, et Johnny. Cependant une sorte de répulsion/attraction m'envahit. Dans le langage scientifico-agricole on appellerait ça le push-pull. Cela signifie qu'on va repousser un insecte nuisible d'une culture avec une plante qui va émettre des odeurs qu'il n'aime pas, et ensuite on va l'attirer en bordure du champ que l'on veut protéger avec des plantes qui vont émettre des odeurs qui vont l'attirer. La technique est fonctionnelle et appliquée. Ben moi, j'ai été attiré puis repoussé, presque immédiatement par cette ville. Explication de mon pull-push.
On la voit de loin cette ville. Nous arrivions de l'Utah, où déjà on avait été refroidis car on nous avait dit un dimanche soir dans un resto "Sorry no beer sir, because it's Utah, and it's Sunday" (trad: "désolé Monsieur pas de bière car on est en Utah et en plus c'est dimanche"). Le désert entre l'Utah et le Nevada, permet de casser les barrières du puritanisme et de l'hypocrisie.
A Las Vegas, on boit de la bière h24, et on fume partout, dans les bars, restos, et salles de casinos. Le client is THE king, car plus on le protège, plus il se sent bien, et dépense ses sous dans les jeux. Une chambre d’Hôtel coute 20/30$, soit 6 à 8 fois moins qu'ailleurs dans le pays. à prestation identique Il faut attirer les masses avec de bas prix. Et les masses sont là. Je suis là un jour de semaine, et en plus à midi, donc pas idéal pour découvrir l'hystérie du lieu. Mais on la devine.
2. Les Slot machines sont les bandimanchots, ces machines qui font miroiter des dollars en rivière. On en trouve partout. Elles frolent les tapis verts, 24/24 7j/7. La lumière ne s'éteind jamais, il faut miser jusqu'à la lie. 3. à Las Vegas, la démesure est dans la Grand Rue piétonne, avec un toit sur toute sa longueur, parsemée de vendeurs en tout genre, et de casinos pignons sur rue.
Tout est faux, sauf la misère. Elle est habillée en rose à l'entrée du casino, avec une minijupe entre deux limousines, avec un fauteuil roulant devant la statue géante d'un cowboy en carton pâte. Et tout parait normal. Le paroxysme est atteint avec cet homme au bide proéminent qui parade en bikini rose, qui pour une poignée de dollars, affichera un sourire à moustache, en levant la jambe façon Marylin pour une pose avec le touriste qui joue le jeu de l'indécence à ciel ouvert. On accepte ou on part. Je suis parti.
4. Quelle chance j'ai eue de voir ce jour là Stevie Wonder qui chantait ses plus grands succès en pleine rue
Dans l'exubérance, on devient presque insensible à ce nouveau concept culinaire, le All you can eat. Il s'agit de prendre un menu No Limit, et on s'arrête quand on veut. On l'a testé dans un resto à sushis, mais sans jouer le jeu à fond. On a quand même pris 110 sushis à 4, et on a tout fini. Le concept se retrouve un peu partout. A Las vegas, bien sur, on dépasse l'impensable: un burger à 10000 calories, soit quatre jours de ration pour un homme normal. Les accidents ont eu lieu, mais le resto a toujours pignon sur rue. Ce qui rassure c'est que les serveuses sont déguisées en infirmière.
Il est temps de quitter ce lieu inutile, et de mettre le cap sur la Californie.
So far, so good