Matricule 46664
Toute ma vie je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. Nelson Mandela, dit Madiba
Multi ethnique par excellence, ce pays bouillonne d'une richesse qui transpire dans chaque regard, et ce n'est pas usurpé ou bien pensant que de dire ça. Ce sont seulement 4,6M de blancs qui vivent dans un pays de 43M de noirs, pour un total de 54M de citoyens de la république démocratique d'Afrique du sud. L'apartheid a eu lieu dans ce pays, et a été aboli en 1992. Des gens noirs de peau ont pris des balles dans le dos, d'autres ont levé le point et tenté de résister. RSA-USA mêmes combats, même luttes, mêmes issues? Un président noir est arrivé au sommet des institutions. Cinquante ans après l’emprisonnement de Madiba, le risque de guerre raciale blanc/noir n'existe plus. Madiba passa du statut de militant non violent, à militant violent, à premier avocat noir du pays, à prisonnier de droit commun pendant 27 ans, à prix Nobel de la paix, à président d'une démocratie, à mythe vivant de l'abolition des discriminations raciales, jusqu'à mourir comme demi-Dieu à 95 ans. Il a fait le job, et chacun loue l'homme et son travail, même si à un moment de sa vie du sang a taché ses mains, même si.
Un grand regret de ma vie d'homme aura été de louper cette rencontre avec Madiba, un jour de printemps 1994 à Vitry-sur-Seine. Une excuse à deux balles, je crois, pour un regret à 3M de dollars. C'est la vie, on ne peut pas serrer la main en les regardant dans les yeux de tous les gens qu'on admire.
De ce que j'ai vu de mes yeux vus, de ce que j'ai entendu de mes propres oreilles, ce sont des blancs qui respectent des noirs, et vice versa. Au dire de tous, l'unique risque de guerre ethnique à présent est inter-communautés noires. Certaines se haïssent au point que leur brother est plus proche du blanc que du noir.
Pour voir une femme de ménage blanche, ou un chauffeur de bus blanc, faudra encore se lever tôt. Oui, les postes de direction du pays et des entreprises sont tenus par des blancs. Mais les choses avancent grâce à l'éducation qui fait son chemin. L'ascension sociale existe et je l'ai vu, du moins dans les villes. La pauvreté n'a pas que la couleur noire, car j'ai vu des blancs mendier au feu rouge, mais ce n'est pas pour autant qu'il faille s'en réjouir. la pauvreté n'a pas de couleur.
3. Ce n'est pas un champ de coton, mais de choux. Cet ouvrier agricole comme 99% est noir. une fatalité? bien sur que non, mais une réalité.
Pour moi le point fort de la cohésion nationale de ce pays, c'est d'avoir gardé ses langues, grâce à l'officialisation de 11 langues dont neuf tribales, avec pour langue commune l'anglais parlé par 85% des gens. Les blancs parlent au moins tous l'afrikaans, un mélange de néerlandais et germain, un peu de français aussi, ce qui représentent les origines des premiers colons vers 1650. C'est un pays étonnant pour qui aiment les langues comme moi. Deux habitants à 500km de distance peuvent ne pas se comprendre si aucun ne parle anglais. Il y a donc des interprètes un peu partout, notamment si on veut faire un tour dans les fermes, comme c'est un peu mon cas. Les décisions politiques sur le choix des langues ne peuvent être négligées car sinon cela peut être lourd de conséquence. Et ce n'est pas un hasard si le Maroc vient de restaurer la semaine dernière, après trente ans d'arabisation, le français dès le primaire comme langue officielle.
Vendredi soir, je marchais près de la gare routière de Louis Trichardt, tout au nord, pas loin du Zim(babwe) en pleine terre Venda, et j'étais le seul blanc. Quasiment personne ne me prêtait attention. J'étais le seul à m'inventer une différence qui n'avait pas lieu d'exister. On voyage aussi avec son bagage culturel ethnique, et en venant de France, on en a un gros, croyez-moi. Au marché, j'ai acheté des plants de brocoli, 20 rands les 15 pieds, la vendeuse a éclaté de rire quand je lui ai dit que j'avais trop chaud. On a ri ensemble.
On chérit tous notre sacro-sainte Liberté-Egalité-Fraternité, mais la devise sudaf mérite amplement qu'on l'érige au même niveau: « L'unité dans la diversité ».
So far, so good