11 jours et demi
Le public est en furie, les questions fusent, je suis harcelé de toute part, et il va donc falloir que je crève l'abcès car je vous dois ça public chéri. Oui, vous êtes en droit de savoir ce qu'il en est, et je vais donc lâcher le morceau. Mais avant cela je vous rappelle qu'en ce 4 juillet, c'est la fête nationale américaine, on va donc trinquer avec un Tokaj, et je vous offre en bonus une petite pâtisserie slovaque...
OUI LA GRAMINEE VA BIEN ET NOUS AUSSI
Nous en sommes à notre 18ème population. le record revient à la Slovaquie avec 4 sites différents dans la même journée. mais cette plante est une vraie coquine, car elle est toujours là ou ne l'attend pas, et autant au début du voyage on pensait avoir une idée précise de son habitat écologique (là où elle se plait le mien pour grandir et se reproduire), autant après 11j et demi de voyage, on est un peu confus. En fait, on peut la trouver dans un fossé sur 10m de long seulement avec autour que de la culture intensive de blé, ou en bordure de chênaies dans un endroit paisible avec des oiseaux qui chantent. Vive la biologie et ses surprises.
2. Voilà cette bordure de chênaie, où notre graminée est abondante, jusqu'à même s'aventurer sous les arbres. Du jamais vu. Cette prairie était paturée par des chèvres il y'a 50 ans, à présent les traces de l'histoire pastorale réside en ces enclos de pierres de basalte qui sont là encore pour un moment.
En France et en Germanie, on avait trouvé une graminée bien verte, on était souvent vers 800m d'altitude. En arrivant en Europe centrale, on est descendu, et notre jolie Ventenata dubia, de son petit nom latin, s'est épanouie. Elle nous a ouvert ses bras et s'est jaunie par la même occasion.
3. Voilà comment on trouve la plante dans les herbiers du monde entier: bien ouverte et bien sur jaune et sèche. Cela devient beaucoup plus facile de la reconnaitre sur le terrain à ce stade là.
A ce jour, on a quelques milliers de graines récoltées et soigneusement enfermées dans des enveloppes étanches. Une fois rentrés, on va étudier la capacité de germination en fonction du temps, et voir si un passage au froid dans un frigo (comme une simulation de l'hiver), lui est nécessaire pour germer. C'est un truc facile à mettre en place et facilement publiable, alors pourquoi s'en priver.
En voyage, j'aime bien m'arrêter pour dire bonjour à des têtes connues, ça fait un peu comme quand le marin voit la lumière d'un phare au loin, soudain il se sent rassuré. Plusieurs phares on dejà éclairé mon passage puisque j'ai déjà vu Domi, mary jo, Greg, laurence, Enrico, Peter. Et puis il y a eu cette soirée chez Rouhollah. Rouhallah a 82 ans, il a été mon collègue au labo puis est parti en retraite méritée. Il a acheté un bout de terre en Hongrie du côté de Sopron, et un autre en Autriche. Il parle 5 ou 6 langues et grâce à une mémoire indéfectible retrace sa vie comme un livre ouvert. Nous avons passé une soirée délicieuse à l'écouter parler. Le temps ne semble pas avoir d'emprise sur lui. Les rides et le burinage de sa peau sont les stigmates d'une vie au début très difficile mais à la fin douce et paisible.
So far, so good