La rumeur et l'odeur

On imagine pas une mégapole égyptienne sans y avoir mis les pieds. Cela recouvre tout votre corps d'un film de vibrations en tout genre. Tout d'abord le bruit qui vient de partout, mais surtout de la rue, de jour comme de nuit, ça vrombit, ça fourmille, ça stridule. C'est un mouvement perpétuel en fait, ponctué de klaxons qui couvrent toute la gamme des aigus, et de moteurs qui accélèrent. Ce sont des klaxons déclaratifs plus que répréhensifs, juste pour dire "hé fais gaffe je passe à ta gauche". Les voitures, camions, vans, motos, scooters sont tous dans la battle, et ça donne ce volume sonore qui ne s'arrêtent pas. On a quittés le Caire à 9h et 4h plus tard on arrivait à Alexandrie, avec le même bruit.

Oui bien sûr, je vous ai tous entendu crier: Ba-rra-cu-da. Car c'est bien sur cette chanson qui ne me quitte pas depuis ce matin. Tout comme j'écoutais Sanson à Vancouver, Bashung à Ostende, Dalida à Portofino, et bien j'écoute Cloclo à Alexandrie. Toutes ces chansons font partie de mon univers géographico-mélodique. Pas vous?

On ne regrette pas d'avoir pris un chauffeur pour la semaine, car conduire ici relève du sport digne d'entrer aux JO. Une seule règle: pas de règle. Tout débouche de partout, queue de poissons en tout genre, ça peut même venir à contre sens sans prévenir, et tout le monde trouve cela normal. On croise bien sur la police, mais à des blocages passifs où bizarrement tout le monde respecte le code de la route. On se croirait dans un Benny Hill.

Une fois être sorti du Caire on prend l'autoroute qui longe le désert, puis on quitte l'autoroute après 160km et la ville reprend avec tous ces contrastes routiers. Voilà pour le bruit. Une fois dans le port d'Alexandrie où je n'ai vu que des sirènes complètement voilées, vient l'odeur. Nos villes d'Europe bannissent la voiture qui pollue à grands renforts de contrôles techniques, de filtres à particules, de ZFE, etc. Et bien ici, c'est walou. Je pollue, tu pollues, nous polluons et viva la vida. Le super coûte 11, 5 livres, soit...30cts d'€. Y'a pas de quoi culpabiliser sur son impact carbone, hein? Le corollaire de tout ça, c'est que l'air est irrespirable en ville. J'ai senti des fumées de carburants enfouies dans ma mémoire depuis plus de 30 ans. C'est incroyable comme ça pue en ville. Et comme ça roule de partout, et bien ça pue partout. Heureusement, au delà de ces nuisances il y a tout cet exotisme que l'on ressent dans les échopes, les regards, les attitudes, que les égyptiens nous offrent, et nous avons 5 jours pour vivre tout ça ensemble.

So far, so good