Les câpres, c'est pas fini
On pourrait caractériser le parlé italien des gens de Pantelleria comme un style classique et propre. Loin des dialectes des sardes et des siciliens, qui sont d'ailleurs incompréhensibles pour un italien du continent. On a rencontré Rosario, le chef de la coopérative des câpres. Il parle lentement, posément, c'est un plaisir d'échanger avec lui. Les câpres poussent libres sur toute l'île, dans les anfractuosités des pierres de basalte, le long des chemins, des vignes, des plages. Les gens les récoltent et les amène à la coop. On trouve des grosses, des moyennes et des petites. Les vrais câpres sont les boutons floraux avant ouverture de la fleur qui a fait gagner TomTom hier. Veinard, il va pouvoir cuisiner les câpres de Pantelleria. On les récolte vertes, et direct en contact avec du sel pendant un mois. On fait une saumure comme avec les olives. Une fois marinée, la câpre au goût légèrement aigre, s'utilise en sauce, sur pizza, et en tapenade. D'ailleurs tapena signifie câpre en occitan.
1. Depuis 1593, au moins, on aime les câpres en Italie 2. Ici c'est Rosario, le pantesquin, et Massimo le romain; même age, mais deux styles différents, cependant un sourire fraternel commun, celui de la Méditeranée
On est venus jusqu'ici pour trouver la méchante punaise qui s'attaque au câprier, la Bagrada. Rappelez-vous, on l'a déjà croisée en Afrique du sud et au Kenya, et il y a bien longtemps au Maroc. Elle est ici depuis 1988. On ne sait pas d'où elle vient, mais elle s'est installée sur le câprier, et elle aime ça. Elle pique les feuilles et bloque la floraison, donc pas de câpres. Cette année, on la trouve peu, car l'hiver a été pluvieux, et elle n'aime pas l'humidité. Cependant on en a trouvé, et même récolté. S'en suivra un peu de génétique, un peu de microscopie, un peu d'irradiation, bref chacun sa cuisine.
3. Des larves, des couples, des oeufs, tout y est quand on veut de la bagrada; on voit les feuilles piquées car bagrada est un insecte piqueur-suceur de sève 4. Des terrasses en basalte, partout sur l'île, avec des vignes au centre, et le long des murs, qui rampent, des câpriers
Mais sur l'île, on ne trouve pas que ça. Le climat est semi tropical, on y trouve des palmiers, des figuiers de barbarie à foison, des figuiers normaux, des oliviers, des cactus, des citronniers, et j'en passe. On se croirait dans un jardin botanique. Vous l'avez compris, on tombe facilement amoureux de cette île aux maisons à toit blanc. Depuis Marseille, il suffit de deux vols, ou bien de 3 ferrys de nuit et 80h à pied, si vous avez décidé de réduire votre impact carbone. Sur place, vous attendent le capuccino à 1€, les spaghetti à la bottarga à 13, et le vino Passato qui ressemble à un Rivesaltes tuilé. Vous pourrez même déguster tout cela au restaurant La Vela, qui a les pieds dans l'eau. Ensuite ce ne sera que bonheur.
So far, so good
5. La mouche du câprier, une cératite qui s'attaque au fruit bien sur 6. Le figuier d'Inde; il part a volo sur l'île mais il est local 7. Une des grosses particularités agronomiques de Pantelleria: la conduite au ras du sol en forme de bonsaï des oliviers. On le laisse pousser puis on coupe le tronc, et les latérales courent ensuite au sol; plus facile à récolter, surtout pour les nains, mais moins sujet au vent, puissant ici.