Dans les herbes folles

Fin mai est le meilleur moment pour venir ici, à la frontière Gréco-turque. Non pas pour venir y manger du calamar frit, mais bien pour observer les galles faites par un insecte sur une petite graminée, l'orge à tête de méduse, dont on a déjà parlé ici. Je suis à 1km de la frontière, le long de l'autoroute, droit dans la pente. Peu de passage, car cette frontière filtre énormément, et depuis le coup militaire turc de juillet 2016, les frontières se sont fermées. Quelle tristesse, car quel beau pays.

Cette plante est envahissante sur des milliers d'hectares dans l'ouest des USA, et ici elle est insignifiante; le propre des invasions. Je suis cette population depuis plusieurs années, et je m’intéresse à ces galles sur les graines. On se sait pas encore bien quel insecte est responsable de ces galles, mais on va bientôt le savoir. Fin mai, avec un soleil chaud mais doux, une petite brise bienveillante, on est bien au milieu des herbes folles. On y trouve des Aegilops, des avoines, des bromes, et j'en passe. Les insectes volent de partout, c'est un festival.

On ramène une trentaine de galles (=30 insectes), que l'on va élever en France et Italie. En attendant, on ne s'attarde pas dans cette zone frontière, où nombre de migrants entrent en Europe, et on part se sustenter à la ville la plus proche, Alexandroupouli. La transition est rude, mais travailler dans cette zone n'est pas chose si facile, car elle est sous haute surveillance. Cette fois-ci nous n'avons pas été dérangés.

Depuis Salonique, mon point de chute, on a roulé 3h pour arriver à cette frontière, alors ce soir on se pose avant le retour demain. Bières et calamars frits au programme. Le front de mer est en travaux, et la saison touristique n'a pas commencé, alors tout est calme. Mais la cuisine reste un délice. Tzatsiki, poissons frits, caviar d'aubergine etc. On mange bon et en grande quantité pour 10€/pers, ils sont imbattables sur la bouffe. Vivement demain.

So far, so good