Pot au lait

On est dimanche matin, et je roule paisiblement dans le Massif central sudafricain. Ray La montagne me distille des balades folk qui collent bien aux gouttelettes de brouillard qui épinglent mon pare-brise. Je quitte saint Nectaire pour Brioude, enfin Graskop pour Nelspruit. En passant Sabie, je note les stigmates d'affrontements récents entre ouvriers agricoles et la police. La ville a été bloquée plusieurs jours par les manifestants, en posant simplement des troncs en travers les routes. Faut dire que ce sont des bucherons, ils savent travailler avec Stihl. Le bois est une industrie majeure dans la région. Les ouvriers se plaignent des coupures d’électricité intempestives et des prix de l'eau. Justes revendications. Je continue ma route.

Certains roulent comme si leur seul objectif était d'aller vite au ciel. En Sudaf, on retrouve les mêmes gènes que j'ai croisés chez des bulgares, des russes ou des turques. Go fast, live short. Avec 13000 morts, soit 10000 de plus que nous pour 10M d'habitants en moins, faut donc faire gaffe. Sur autoroute, la limite est à 120, donc on se dit "ben d'où ça vient alors? - une fois passé sur nationale, la limite...reste à 120. Ah ben voilà, ils ont oublié de modifier. Sauf qu'avant qu'ils ne s'en rendent compte, j'ai pu croiser des fusées, des passages de ligne blanche, et j'en oublie.

Et si il n'y avait que les véhicules, mais en plus il y a les piétons. En 2001, je découvrais qu'on pouvait traverser une autoroute, y marcher à contresens avec ou sans son vélo, et de jour comme de nuit. Quinze ans plus tard, rien n'a changé. C'est surtout entre chien et loup que le risque est grand, et j'ai eu quelques frayeurs. Enfin, si jamais vous avez échappé aux chauffeurs, et aux piétons, il reste encore à éviter la faune locale.

Reste à vous présenter la spécialité routière sudaf par excellence : les pots au lait, pardon les potholes, en traduction ce sont les marmites. On trouve des panneaux d'alertes dans tout le pays. Un excès d'eau et un asphalte de piètre qualité, et hop le gruyère se forme sur les routes. C'est un risque majeur de rouler dans un trou parfois assez profond pour vous casser la direction, et si on arrive à grande vitesse, direct au ciel.

Si on a survécu à tout ça, et bien on profite d'une chose hors du commun,: le salut au volant. Un sourire et un signe de la main, et le piéton s’exécute et fait pareil en ajoutant un sourire.

So far, so good